Tout en partage ...

Publié le par PAPOU

ecole 2eme lundi (11)

 

 « La craie sur le tableau, c’est comme la pluie pour le riz, elle vous apporte la nourriture et l’argent de la connaissance »

 


      Cette phrase illustre bien ce en quoi nous croyons ! Elle est de bienfaiteurs qui sont beaucoup intervenus dans une autre région de madagascar, pour l'aide à la scolarisation ... Voici son témoignage dont je partage chaque mot .

 

SAMBAVA, capitale malgache de la vanille, ville et district enclavé du nord-est de la grande île : un hâvre de paix et de sécurité pour le touriste dans le marasme d’une population multiethnique pressurée par la pauvreté. Le mérite d’Aide et Action Madagascar outre son expansion remarquable dans ce pays depuis sa création est d’avoir réussi le pari de la non-ingérence au profit de l’instruction de dizaines de milliers d’enfants, option majeure de l’avenir de cette nation rurale. Nos parrainages respectifs et successifs en 20 ans de ma femme et moi nous ont permis de découvrir la richesse humaine du nord au sud et de l’ouest à l’est. En avion, en taxi-brousse, à moto, en 4X4, à pieds, en charrette zébu, en pirogue, la piste nous a conduits vers nos filleuls.


6H15, Émérentienne, notre joyeuse retraitée, guide et correspondante locale d’Aide et Action arrive à l’hôtel. 15 minutes plus tard, le 4x4 prend la route nationale. 70 kilomètres plus loin, arrêt à la dernière ville : Nous gonflons le ballon de basket et celui de foot chez un réparateur de pneus. Après le riz chauffé et quelques brochettes de zébu, nous poursuivons jusqu’à la jonction de la piste. D’autres accompagnateurs nous attendent et le pic-up chargé de nos multiples cadeaux commence sa danse du ventre à travers les ornières qui cisaillent les rizières. Enfin l’école après une heure de route pour seulement 15 km. Malgré l’information de notre visite, les enfants s’agitent dans tous les sens, c’est jour de fête et c’est tellement rare de voir la tête d’un vasa*. Le directeur et les 5 instituteurs extirpent JAO de la foule de ses pairs, il devait se cacher. Apeuré tel un gladiateur au milieu de l’arène, il tremble et ne tarde pas à verser quelques larmes salvatrices. Je m’accroupis pour me mettre à sa hauteur. Caresse dans le dos et main sur la tête ne suffisent pas. Je l’invite à faire un salut « jeun’s », tape dans la main suivie d’un entre-choc des poings. La holà du public brise la glace, il est peut-être bizarre ce vasa mais plutôt sympa. La grande salle de classe qui accueille en moyenne 70 élèves par niveau déborde de visages souriants et de cacophonie chahuteuse. Émérentienne de sa voix autoritaire et expérimentée éteint le feu de la jeunesse et ramène un silence abyssal inattendu : c’est l’heure de la distribution des cadeaux pour l’école. Du dictionnaire en passant par les cahiers et les livres, de beaux stylos offerts aux enseignants, un agenda tout neuf pour le directeur. Après l’ovation du ballon de foot fièrement porté par JAO au-dessus de sa tête, place au discours du parrain : « la craie sur ce tableau, c’est comme la pluie pour le riz, elle vous apporte la nourriture et l’argent de la connaissance ». Pas certain qu’ils aient bien compris, la chorale entonne des chants de remerciements et Yolande fait encore plus crépiter son appareil photo…

Fier comme artaban, JAO bardé de son nouveau sac à dos rouge rempli d’effets scolaires ouvre la route vers son hameau. Passage de gués, rencontre colorée d’un vert caméléon, plantations de vanille entre 2 monts et 2 rizières, quelques serpents plus avant, et nous arrivons après une bonne heure de marche à quelques cases éparses blotties sous cocotiers et manguiers sur une petite hauteur. Nous entrons dans cet espace sombre d’une vingtaine de mètres carrés où Jao vit avec ses parents et ses frères et sœurs. Nouveau Noël, nous vidons nos derniers sacs pour les cadeaux personnels à l’abri des regards et des jalousies : produits alimentaires, huile, vache qui rit, haricots et des vêtements pour toute la famille.

Nous revenons à l’école où nous attend un repas offert par l’association des parents d’élèves. Le soda à l’orange, encore un luxe comble de joie JAO autant que ses instituteurs. Il est temps de partir, les nombreux enfants nous accompagnent toujours avec le même entrain. Nous finissons notre journée en embarquant un jeune adolescent  brûlant de fièvre vers le dispensaire de la ville. Fin de la carte postale. Quel impact aura eu notre visite, tous ces cadeaux sont-ils nécessaires, valoriser un enfant plutôt qu’un autre est-il raisonnable ? Autant de questions vaines in fine. Il n’y a pas de doute sur l’importance de la démarche car au même titre que l'Éducation elle apporte la découverte de l’autre et le désir mutuel d’avancer.

Alors le partage n’est pas aumône, il est le garant progressif au fil des générations d’une appropriation raisonnée du monde moderne et de sa propre culture qui doit rester intacte.

Prenons et reprenons tous le chemin de l’école, c’est la voie magistrale de la réussite humaine.

 
Texte de Yolande LE MERRER et Philippe MANENC, parrains fidèles et convaincus.
*vasa : un étranger

Publié dans Divers

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